Actualité par le Pr Frédéric Lioté
Le Pr Silverman de New York a présenté en communication orale une étonnante aventure sur la physiopathologie de la maladie lupique. C’est une réelle découverte qui demandera validation.
Nous vivons en effet en symbiose avec un véritable « zoo » de bactéries intestinales en nombre impressionnant,1010-1014, soit 3 fois plus de microbes que de cellules humaines !
Son équipe a étudié le microbiome et le sang de 61 malades lupiques. Aucun n’avait reçu d’immunosuppresseurs ou d’antibiotiques dans les 4 mois précédents.
Ils ont observé une réduction de la diversité bactérienne par rapport à des témoins sains, ce qui est la caractéristique commune à de nombreuses maladies inflammatoires (Crohn, PR…), cette réduction de la biodiversité se faisant notamment aux dépens d’espèces « anti-inflammatoires », comme Faecalibacterium prausnitzii, et par contraste des espèces bactériennes commensales, parmi lesquelles une Lachnospiracaea en excès, Ruminoccocus gnavus, (RG, ce qui ne s’invente pas !), pour laquelle se pose la question d’un rôle physiopathologique. La surabondance de ce germe était associée à l’activité de la maladie évaluée par le SLEDAI, et à des taux sériques élevés d’IgG dirigés contre une protéine de la paroi du germe (RG2). Des taux particulièrement élevés de RG et d’anti-RG2 étaient retrouvés chez les patients présentant une glomérulonéphrite lupique, suggérant le rôle de dépots de complexes immuns. De plus, RG2 comporte des homologies de structure avec l’ADN. Les taux d’anti-RG2 sont corrélés aux taux d’Ac anti-ADN chez les patients. Il s’agit donc d’un nouvel exemple de mimétisme moléculaire.
Ces résultats surprenants ont été répliqués dans deux autres groupes de lupus provenant de deux hôpitaux différnets.
Cette découverte est donc celle d’une dysbiose au cours du lupus avec l’identification d’un germe commensal porteur d’un Ag de type glycane, source d’un mimétisme moléculaire induisant la production d’Ac anti-ADN, en particulier en cas de néphropathie active.
Les plus vieux d’entre nous se rappelleront les glomérulonéphrites post-streptococciques…!
Référence
Abstract 1786