« Alexandre et son médecin Philippe » par Jean Restout : Une question de confiance

Que pensent de leurs médecins les hommes illustres ? Les relations entre les médecins et leurs patients sont complexes : adulés lorsqu’ils les guérissent, abhorrés en cas d’échec. Hormis l’obstétricien, un médecin est rarement porteur de nouvelles réjouissantes, et dans l’esprit des patients, son rôle n’est jamais esthétique. On raconte ainsi que lorsqu’on lui suggéra d’anoblir son médecin, François-Joseph, le mari de Sissi, se serait exclamé qu’il n’allait pas octroyer un titre nobiliaire à la personne qui examinait sa prostate (les termes étaient un peu plus crus, je vous laisse les imaginer).
En outre, l’entourage des grands hommes ne considère pas toujours les médecins comme indispensables. Ainsi, au retour de Washington en janvier 1942, alors que Churchill et Roosevelt venaient de mettre au point la grande alliance entre le Royaume-Uni et les États-Unis contre les forces de l’Axe, Lord Moran, médecin personnel de Winston Churchill, parvint difficilement à monter dans le même avion que son patient qui avait fait une crise cardiaque quelques jours auparavant ; il est vrai qu’il n’avait informé personne de cet infarctus, même pas le Premier ministre, de peur de paniquer les Américains et les Britanniques.
Même si les grands de ce monde n’ont pas toujours une relation bienveillante avec leurs médecins, certains patients illustres eurent entière confiance en eux, c’est le thème de ce tableau de Jean Restout.