L’essentiel en un clin d’œil
• Quels gains en DMO avec le romosozumab versus le tériparatide après bisphosphonates ?
• Ostéoporose post-ménopausique : quelle efficacité de l’association romosozumab + dénosumab ?
• Comparaison de l’efficacité du romosozumab 12 mois suivi du dénosumab 24 mois par rapport au dénosumab 36 mois ou au risédronate pour l’ostéoporose induite par les glucocorticoïdes chez les patients atteints de maladies rhumatismales.
• Les caractéristiques des fractures vertébrales sont-elles utiles pour distinguer la mastocytose systémique indolente de l’ostéoporose primaire ?
• Retard de consolidation et prévalence de la pseudo-arthrose chez des patients recevant un traitement par acide zolédronique dans la semaine après la survenue d’une fracture ostéoporotique.
TOP 1 – Gains en DMO simultanés au rachis lombaire et la hanche totale chez les patients traités par romosozumab versus tériparatide après bisphosphonates
L’utilisation antérieure de bisphosphonates (BP) influence négativement la réponse ultérieure sur la densité minérale osseuse (DMO) aux ostéo-anabolisants. Pourtant, de nombreuses sociétés savantes recommandent d’utiliser en première ligne les agents ostéo-anaboliques chez les patients à risque élevé de fracture. Dans l’essai de phase III STRUCTURE, les effets post-BP du romosozumab (Romo) ont été comparés à ceux du tériparatide (TPTD) chez des femmes ménopausées atteintes d’ostéoporose, à haut risque de fracture. Après 12 mois, des gains moyens plus importants de DMO ont été observés au niveau de la hanche totale (HT) et du rachis lombaire (RL) avec Romo versus TPTD. Les gains avec Romo étaient plus faibles que ceux observés dans des études distinctes chez des patients naïfs de traitement.
L’étude STRUCTURE
L’objectif de la présente étude était d’évaluer la proportion de femmes ayant obtenu une amélioration de > 3 % et > 6 % de la DMO au RL et à la HT à 12 mois dans une analyse post-hoc de l’essai STRUCTURE. Les corrélations entre l’évolution globale de la DMO au RL et HT pour chaque traitement ont également été évaluées.
Dans l’étude STRUCTURE, les femmes ménopausées atteintes d’ostéoporose (OP) qui avaient reçu un BP oral pendant ≥ 3 ans (moyenne [ET] : 6,2 [2,9] ans) et de l’alendronate pendant l’année précédant le dépistage ont été randomisées pour recevoir Romo 210 mg par mois (QM) ou TPTD 20 μg par jour pendant 12 mois.
Les proportions de femmes ayant obtenu des augmentations de > 3 % et > 6 % de DMO au RL et à la HT sur 12 mois ont été évaluées. La corrélation entre le pourcentage global d’amélioration de la DMO aux deux sites a été évaluée pour chaque traitement à l’aide du coefficient de corrélation de Pearson (r).
Résultats
Environ trois fois plus de femmes sous Romo (44,9 %) que celles sous TPTD (14,9 %) ont présenté une augmentation de > 3 % de la DMO aux deux sites (Fig. 1A). Ces proportions étaient de 13,8 % et de 3,0 %, respectivement, pour une augmentation de > 6 % de la DMO aux deux sites (Fig. 1B). Des proportions nettement plus élevées de patients n’ont pas atteint les deux seuils de DMO à l’un ou l’autre des sites avec TPTD par rapport au Romo. Les corrélations entre le pourcentage d’amélioration de la DMO au niveau du RL et de la HT étaient de r = 0,43 pour Romo et de r = 0,39 pour la TPTD (p = 0,21).
Figure 1A – STRUCTURE : proportions de patientes ayant un gain en DMO > 3 % sur 12 mois.
Figure 1B – STRUCTURE : proportions de patientes ayant un gain en DMO > 6 % sur 12 mois.
Une proportion substantiellement plus élevée de femmes ménopausées précédemment traitées par BP et recevant Romo ont présenté des améliorations concomitantes de > 3 % et > 6 % de la DMO à la fois au RL et au HT dans les 12 mois par rapport au TPTD.
En pratique
Ces données s’ajoutent aux preuves indiquant la supériorité de Romo par rapport au TPTD dans l’obtention d’améliorations de la DMO dans les 12 mois, sur les principaux sites squelettiques chez les patients atteints d’OP précédemment traités par alendronate. Les proportions de femmes ménopausées OP atteignant des gains de DMO aux deux sites dans l’étude STRUCTURE traitées par Romo sont cependant moindres que dans les études ARCH et FRAME (STRUCTURE 44,9 % versus ARCH 72,2 % et FRAME 75,9 %).
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• Langdahl BL, Libanati C, Crittenden DB et al. Romosozumab (sclerostin monoclonal antibody) versus teriparatide in postmenopausal women with osteoporosis transitioning from oral bisphosphonate therapy: a randomised, open-label, phase 3 trial. Lancet Lond Engl 2017 ; 390 : 1585‑94.
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• Cosman F, Crittenden DB, Adachi JD et al. Romosozumab treatment in postmenopausal women with osteoporosis. N Engl J Med 2016 ; 375 : 1532‑43.
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TOP 2 – Romosozumab et dénosumab associés dans le traitement de l’ostéoporose post-ménopausique
La transition du dénosumab (Dmab) à long terme vers des analogues de la PTH ou du romosozumab (Romo) pourrait exposer les patients au risque de ce que l’on appelle le phénomène de rebond. L’ajout de Romo au Dmab pourrait représenter une option chez les patients ayant une fracture pendant le traitement par du Dmab ou qui auraient une réponse insuffisante sous Dmab.
L’étude
L’objectif de cette étude était d’analyser les effets de l’association du Romo et du Dmab dans la prise en charge de l’ostéoporose post-ménopausique. Les auteurs ont mené une étude observationnelle prospective combinée de 12 mois et rétrospective de 24 mois. Les femmes ménopausées étaient divisées en deux cohortes :
• les patientes sous Dmab chez qui on ajoutait du Romo (Dmab de M-24 à M0 ; Dmab + Romo de M0 à M+12) ;
• les patientes qui continuaient le Dmab (Dmab de M-24 à M0 ; Dmab de M0 à M+12).
La DMO et les marqueurs du remodelage osseux (MRO) (CTX, P1NP) ont été évalués à des points temporels de suivi. Le pourcentage de variation entre groupes et les variations absolues de la DMO et des MRO ont été évalués à l’aide d’un modèle mixte de mesures répétées (MMRM) avec la séquence de traitement, le temps, l’interaction traitement par temps et la DMO de début d’étude comme effets fixes et avec les patientes comme effets aléatoires.
Résultats
Au total, 139 patientes ont été incluses dans l’étude prospective et les données antérieures à l’inclusion ont été extraites des dossiers médicaux électroniques. Parmi elles :
• 25 ont reçu du Dmab entre M-24 et M0, puis Dmab + Romo en cours (Dmab Dmab+Romo) ;
• et 25 ont reçu du dénosumab de M-24 à M+12 (Dmab Dmab).
Les changements de DMO et de MRO par rapport à M-24 et M+12 sont illustrés respectivement dans les figures 2 et 3. Dans cette étude était constatée une tendance à la significativité au niveau du rachis lombaire à M+12 entre les deux groupes (différence entre les groupes 3,2 % (ET) 4,4 ; p 0,074). Les auteurs n’ont pas mis en évidence de différence significative au col du fémur entre les groupes à M+12. Une différence significative à M+3 dans les taux de P1NP était constatée entre les groupes (différence : 24,4 ng/ml ET 12,6 ; p 0,033). Les auteurs constataient également une tendance à la signification à M+6 des niveaux de P1NP entre les deux groupes (différence : 13,4 ng/mL ET 7,7 p 0,057).
Figure 2 – Changements en termes de marqueurs de remodelage osseux.
Figure 3 – Changements en termes de densité minérale osseuse.
En pratique
Ces données suggèrent que le Romo peut conserver son potentiel anabolique lorsqu’il est introduit en association avec le Dmab. Cette étude ne permet cependant pas de voir si prescrire du Romo à la fin d’une séquence de traitement par Dmab permettrait de limiter durablement la perte osseuse et réduire le risque de fracture. De plus, dans cette étude le nombre de patientes étudiées, 25 dans chaque groupe, est faible. Cette étude est à mettre en perspective d’une étude récente, menée chez des patientes coréennes ayant été traitées par Dmab pendant 1 à 4 ans et qui soit switchaient vers Romo, soit poursuivaient le traitement par Dmab. Dans cette dernière étude, le switch était associé à des gains significatifs de DMO lombaire et de TBS en comparaison à la poursuite du traitement par Dmab. Il est cependant notable que la fenêtre d’effet anabolique constatée dans la présente étude Dmab + Romo est plus importante que celle observée quand le Dmab est arrêté et switché par le Romo.
• Adami G, Pollastri F, Fassio A et al. Romosozumab and denosumab combination therapy in postmenopausal osteoporosis. Eular 2025 ; OP0053.
• Hong N, Shin S, Kim H et al. Romosozumab following denosumab improves lumbar spine bone mineral density and trabecular bone score greater than denosumab continuation in postmenopausal women. J Bone Miner Res 2025 ; 40 :184‑92.
TOP 3 – Comparaison de l’efficacité du romosozumab 12 mois suivi du dénosumab 24 mois par rapport au dénosumab 36 mois ou au risédronate pour l’ostéoporose induite par les glucocorticoïdes chez les patients atteints de maladies rhumatismales
Les glucocorticoïdes (GC) sont largement utilisés dans le traitement de diverses maladies, y compris les maladies rhumatismales, et améliorent leur devenir. Cependant, ils provoquent une perte et une fragilité osseuses en augmentant la résorption osseuse précoce suivie d’une formation osseuse altérée progressive. La voie de signalisation Wnt/β-caténine est impliquée dans l’augmentation de la formation osseuse et la suppression de la résorption osseuse et est considérée comme l’un des mécanismes pathogènes de l’OP induite par les GC (GIOP). Les auteurs ont précédemment rapporté que le traitement par GC augmentait la sclérostine sérique, un inhibiteur de la signalisation Wnt, et diminuait Wnt3a, un ligand de la signalisation Wnt, suggérant le potentiel d’inhibition de la sclérostine comme traitement de la GIOP.
Le romosozumab (Romo), un anticorps monoclonal qui se lie à la sclérostine, a le double effet unique d’augmenter la formation osseuse et de diminuer la résorption osseuse. De vastes essais contrôlés randomisés portant sur des patientes ménopausées atteintes d’OP ont montré que la DMO était plus élevée avec Romo qu’avec un placebo ou des BP après 12 mois de traitement. Les auteurs ont récemment montré que le Romo augmentait la DMO de la colonne lombaire sur 1 an par rapport au Dmab ou au BP chez les patients atteints de maladies rhumatismales nouvellement traités par GC. Mais l’effet à long terme chez les patients ayant commencé à prendre du Romo n’est pas clair. Étant donné que son administration est limitée à 1 an, le Dmab s’est révélé efficace dans l’OP post-ménopausique en tant que traitement séquentiel après Romo. Cependant, l’efficacité du traitement séquentiel par Dmab après Romo en cas de GIOP n’est pas claire.
L’étude
L’objectif de cette étude était d’évaluer l’efficacité à long terme de Romo-Dmab (Romo à 12 mois suivi d’un Dmab à 24 mois) pour le GIOP par rapport au Dmab ou au BP à 36 mois, chez les patients commençant un traitement par GC.
Il s’agissait d’une étude prospective randomisée et ouverte. Des patients atteints de maladies rhumatismales qui n’avaient pas reçu de GC ou de traitement contre l’OP et qui venaient de commencer un traitement à la prednisolone (PSL) à 15 mg/jour ou plus ont été recrutés. Les patients éligibles ont été répartis au hasard pour recevoir soit Romo (groupe Romo-Dmab), soit Dmab, soit BP en utilisant une approche de randomisation d’allocation dynamique. Les facteurs de stratification pour l’attribution étaient l’âge (≥ 65 contre < 65 ans), le sexe, la dose de GC au début de l’étude (équivalent PSL de ≥ 45, ≥ 30 ; < 45 ou < 30 mg/jour) et le T score de la colonne lombaire inférieure ou du col du fémur (≥-1,0, < -1,0 ≥ -2,0 ou < -2,0). Après la période de restriction de 12 mois de Romo, le traitement dans le groupe Romo-Dmab a été remplacé par le Dmab.
Les auteurs ont mesuré la DMO de la colonne lombaire, du col du fémur et de la hanche totale tous les 6 mois, ainsi que les marqueurs de remodelage osseux et les molécules régulant le métabolisme osseux tous les 3 mois pendant 36 mois. L’incidence des nouvelles fractures et des événements indésirables était également évaluée.
Les patients
Onze patients ont été assignés au groupe Romo-Dmab, 14 au groupe Dmab et 14 au groupe BP. L’âge médian des trois groupes se situait autour de 70 ans (entre 53 et 92 ans), avec plus de femmes, toutes ménopausées. La dose quotidienne médiane de PSL variait de 15,0 à 25,0 mg, sans différence significative entre les trois groupes. Les doses cumulatives de GC à 12, 24 et 36 mois dans chaque groupe n’étaient pas non plus significativement différentes.
Résultats
La variation médiane (du 25e au 75e centiles) de la DMO de la colonne lombaire par rapport au départ à 36 mois était la plus importante pour le groupe Romo-Dmab parmi les trois groupes (Romo-Dmab : 11,3 [6,8-13,8] % ; Dmab : 9,4 [4,7-13,5] % ; PA ; 2,1 [-1,3-6,8] %) (Fig. 4). La DMO des groupes Romo-Dmab et Dmab a augmenté de manière significative par rapport au départ à la plupart des points temporels. À 36 mois, la variation médiane en pourcentage de la DMO totale de la hanche était également la plus importante pour le groupe Romo-Dmab (Romo-Dmab : 0,99 [-4,0-5,4] % ; Dmab : 0,27 [-3,7-4,2] % ; PA : -0,61 [-7,6-5,0] %), et la variation médiane en pourcentage de la DMO du col du fémur était la plus importante pour le groupe Dmab (Romo-Dmab : 1,4 [-3,7-4,2] %) ; Dmab : 1,6 [-5,1-7,8] % ; PA : -2,5 [-11,0-1,9] %). Le taux sérique de phosphatase alcaline osseuse (BAP), marqueur de la formation osseuse, n’a augmenté à 3 mois que dans le groupe Romo-Dmab, mais a diminué par la suite, comme dans les deux autres groupes (Fig. 5). Le P1NP, un autre marqueur de la formation osseuse, a diminué dans les trois groupes, mais le changement était plus faible dans le groupe Romo-Dmab. Les taux sériques de BAP et de P1NP dans le groupe Romo-Dmab ont diminué rapidement à 15 mois, probablement en raison du passage au Dmab après 12 mois, mais ont montré une tendance à la hausse à partir de 24 mois. L’incidence des nouvelles fractures n’était pas statistiquement différente entre les trois groupes.
Figure 4 – Variation de la DMO au niveau de la colonne lombaire, du col du fémur et de la hanche.
Figure 5 – Variation des marqueurs de la formation osseuse.
En pratique
Au total, les DMO de la colonne lombaire, du col du fémur et de la hanche totale ont augmenté avec Romo-Dmab pendant 3 ans, alors même que les patients étaient traités par GC. En particulier, la DMO de la colonne lombaire a augmenté de manière significative par rapport à la ligne de base et plus que sous Dmab et bien sûr le placebo et le BP. De plus, aucune différence significative n’a été observée dans l’incidence des effets indésirables, ce qui suggère que le traitement à long terme par Romo-Dmab est efficace et sans danger pour le GIOP. Il faut cependant noter que cette étude a de nombreuses limitations : le faible échantillon de patients, une lecture des DMO non en aveugle, l’absence d’insu, l’aspect monocentrique de l’étude, une population japonaise…
• Kawazoe M, Kanecho K, Shikano K et al. Glucocorticoid therapy causes contradictory changes of serum Wnt signaling-related molecules in systemic autoimmune diseases. Clin Rheumatol 2018 ; 37 : 2169-78.
• Kawazoe M, Kanecho K, Nanki T. Glucocorticoid therapy suppresses Wnt signaling by reducing the ratio of serum Wnt3a to Wnt inhibitors, sFRP-1 and Wif-1. Clin Rheumatol 2021 ; 40 : 2947-54.
• Kawazoe M, Kanecho K, Masuoka S et al. Comparison of efficacy of romosozumab with denosumab and risedronate in patients newly initiating glucocorticoid therapy. J Clin Endocrinol Metab 2024 ; Online ahead of print.
• Cosman F, Crittenden DB, Adachi JD et al. Romosozumab Treatment in Postmenopausal Women with Osteoporosis. N Engl J Med 2016 ; 375 : 1532-43.
• Kawazoe M, Kanecho K, Masuoka S et al. Comparison of the efficacy of 12-month romosozumab followed by 24-month denosumab versus 36-month denosumab or risedronate for glucocorticoid-induced osteoporosis in patients with rheumatic diseases; a randomized prospective study. Eular 2025 ; OP0049.
TOP 4 – Les caractéristiques des fractures vertébrales utiles pour distinguer la mastocytose systémique indolente de l’ostéoporose primaire
La mastocytose est une maladie rare caractérisée par la prolifération clonale extra-cutanée de mastocytes anormaux. La forme systémique la plus fréquente chez l’adulte est la forme indolente (ISM). La fragilité squelettique dans l’ISM se manifeste souvent par des fractures vertébrales (VFx), avec une prévalence allant jusqu’à 20 %. L’identification de l’ISM dans le contexte de la fragilité squelettique reste un défi diagnostique et il existe peu de preuves concernant la contribution potentielle de l’analyse de la morphologie et de la distribution des VFx pour suspecter une ISM. La présence de VFx biconcaves n’a été décrite que de manière anecdotique dans l’ISM et une évaluation systématique de la morphologie des VFx n’a jamais été effectuée jusqu’ici.
L’étude
L’objectif de cette étude était d’évaluer la prévalence de formes spécifiques de VFx chez les patients atteints d’ISM et de leur distribution, afin d’explorer si l’évaluation de ces paramètres pourrait être utile dans le diagnostic différentiel entre l’ISM et l’OP primaire.
Les auteurs ont recruté des patients atteints d’ISM évalués dans des centres tertiaires d’Italie, répondant aux critères diagnostiques de l’OMS et ayant un âge ≥ 18 ans et au moins une VFx de fragilité. Le groupe témoin comprenait des patients atteints d’OP primaire, avec au moins une VFx de fragilité. Le ratio cas/témoins était de 1:2. Les critères d’exclusion étaient les VFx traumatiques ou pathologiques et celles associées à d’autres causes secondaires de fragilité osseuse. Des données démographiques, cliniques, radiologiques, densitométriques et de laboratoire ont été analysées. La morphométrie a pris en compte le segment D4 à L4. La présence d’une VFx cunéiforme antérieure a été évaluée en divisant la hauteur antérieure par la hauteur postérieure, tandis que le caractère biconcave des VFx a été évalué en divisant la hauteur médiane par la hauteur postérieure. Un classement selon la classification de Genant était effectué.
Résultats
Les comparaisons des données démographiques et densitométriques entre les patients et les groupes témoins sont présentées dans le tableau 1.
Aucune différence significative n’a été observée pour les données de laboratoire entre les deux groupes. La figure 6 et le tableau 2 montrent la morphologie et la localisation des VFx. Les patients atteints d’ISM avaient un taux de VFx biconcave plus élevé (p < 0,001), tandis que les VFx en coin étaient plus fréquentes chez les patients ostéoporotiques (p < 0,001). Plus de 90 % des patients atteints d’ISM présentaient plus de 50 % de VFx biconcaves (p < 0,001 ; OR = 54 ; IC 95 % = 10,3-286,1). Les patients atteints d’ISM ont un pourcentage de VFx biconcaves plus élevé dans différents segments : de D4 à D10 (p < 0,001), de D11 à L1 (p = 0,023), de L2 à L4 (p = 0,002), à la différence des ostéoporotiques qui ont plus de VFx cunéiformes de D4 à D10 (p = 0,006) et de D11 à L1 (p < 0,001). Des courbes ROC étaient faites pour évaluer la capacité de prédiction de l’ISM par le nombre et le pourcentage de VFx biconcaves par rapport au groupe OP primaire. Ces aires sous les courbes ROC étaient de 0,878 (IC 95 % = 0,78-0,99) et de 0,919 (IC 95 % = 0,82-1,0) respectivement. La présence de plus de deux VFx biconcaves a une sensibilité de 0,86 et une spécificité de 0,84 dans la classification correcte des patients ISM ; le ratio de probabilité + = 4,76 (IC 95 % = 2,41-9,41), le ratio de probabilité – = 0,27 (IC 95 % = 0,11-0,64). Lors d’analyses en régression logistique multivariée, les facteurs associés indépendamment au diagnostic d’ISM étaient le sexe féminin (bêta = -0,436 ; OR= 0,65), le faible nombre de VFx cunéiformes (bêta = -2,47 ; OR = 0,08), le nombre de VFx biconcaves > 2 (bêta = 3,8 ; OR = 44,6) (Tab. 3).
Figure 6 – Morphologies et localisation des fractures.
En pratique
La présence de multiples VFx biconcaves après exclusion d’autres causes fréquentes (corticothérapie, ostéomalacie) pourrait aider à distinguer l’ISM de l’OP primaire. Il y a quelques limites à ce travail, en particulier la petite taille de l’échantillon, l’absence de suivi longitudinal et l’hétérogénéité en ce qui concerne l’âge et le genre entre cas et témoins. On rappelle par ailleurs que, dans la situation d’une ISM, il est préférable de ne pas utiliser les agents ostéo-anaboliques compte tenu de leur incohérence d’utilisation sur le plan physiopathologique.
• Testoni S, Macchioni P, Belletti L et al. The characteristics of vertebral fractures are useful in distinguishing indolent systemic mastocytosis from primary osteoporosis. Eular 2025 ; OP0052.
TOP 5 – Retard de consolidation et prévalence de la pseudo-arthrose chez des patients recevant un traitement par acide zolédronique dans la semaine après la survenue d’une fracture ostéoporotique
Chez les patients présentant une fracture récente de la hanche à faible niveau d’énergie, il est recommandé d’administrer la perfusion d’acide zolédronique au moins 2 semaines après la réparation chirurgicale, en raison du retard possible dans la consolidation et le développement de la non-consolidation. Dans la littérature, quelques cas de retard à la consolidation de fracture du radius ont été rapportés en cas de perfusion dans la semaine suivant la fracture. Cependant, dans l’étude Horizon, aucune différence significative n’avait été mise en évidence.
Dans ce travail, les auteurs ont déterminé l’incidence de la consolidation retardée par rapport à l’administration d’acide zolédronique dans la première semaine suivant une fracture ostéoporotique dans un service de liaison des fractures [FLS].
L’étude
Cette étude observationnelle, descriptive et prospective, a analysé des patients de plus de 69 ans admis pour une fracture de la hanche (HF) dans un service de liaison FLS entre mars 2021 et février 2023 et traités par acide zolédronique (prévention secondaire) dans les 7 premiers jours suivant l’admission. Les variables étudiées comprenaient le sexe, l’âge, l’origine, le type de fracture, le type de chirurgie, la durée d’hospitalisation, l’indice de fragilité – évaluation gériatrique complète (FI-GCA), l’indice Lawton & Brody (LBI), l’indice de Barthel en début d’étude l/de sortie (BIb/BIa), la classification fonctionnelle de la marche en début d’étude/de sortie (FACb/FACa), l’échelle globale de détérioration (GDS), la destination de sortie et la présence d’une consolidation retardée ou d’une non-consolidation 1 mois après la fracture.
Résultats
L’étude portait sur 219 patients : 172 femmes (78,5 %) et 47 hommes (21,5 %), avec un âge moyen de 86,22 ± 6,99 ans. Parmi eux, 79 % (173 patients) provenaient de leur domicile, 18,7 % (41) d’une maison de retraite et 2,3 % (5) d’un centre de santé sociale. Les types de fractures étaient les suivants : fracture de la hanche (73,5 %, 161 patients), fémur distal (3,2 %, 7), humérus (1,4 %, 3), bassin (15,1 %, 33), vertèbre (5,5 %, 12) et autres (1,4 %, 3). La durée moyenne d’hospitalisation était de 8,67 ± 6,57 jours. Les valeurs moyennes des indices évalués sont les suivantes : FI-GCA 0,31 ± 0,17 ; LBI 3,39 ± 2,83 ; indice de Barthel en début d’étude (BIb) 76,37 ± 25,16 ; indice de Barthel (BIa) 42,74 ± 20,23 ; classification fonctionnelle en début d’étude de la marche (FACb) 4,20 ± 1,08 ; classification fonctionnelle de la marche (FACa) 2,28 ± 1,25 ; et échelle globale de détérioration (ABD) de 2,68 ± 1,98. . Les destinations de sortie étaient : le domicile (38,6 %, 83), la maison de retraite (23,3 %, 50) et le centre de santé sociale (38,1 %, 82). Un mois après la fracture, un échec de l’ostéosynthèse a été observé chez deux patients (2,10 %). Aucun retard de consolidation ou de non-consolidation n’a été mis en évidence chez les patients après l’administration d’acide zolédronique.
En pratique
Dans cette étude incluant 219 patients avec fractures, aucun cas de non-consolidation ou de retard de cicatrisation osseuse n’a été observé chez ceux traités par l’acide zolédronique pour la prophylaxie secondaire après une fracture ostéoporotique dans les 7 premiers jours suivant celle-ci. En dépit de limites de cette étude observationnelle non contrôlée, d’un échantillon limité, les données présentées suggèrent que la perfusion d’acide zolédronique, sous réserve de l’absence de carence en vitamine D après la survenue de fracture de hanche ou de bassin, pourrait être effectuée dans un délai plus court qu’habituellement sans risque de problème de mauvaise consolidation des fractures.
• Lyles KW, Colón-Emeric CS, Magaziner JS et al. Zoledronic Acid and clinical fractures and mortality after hip fracture. N Engl J Med 2007 ; 357 : 1799‑809.
• Alberca Patazca EI, Prado Carpintero MI, Suarez Ubilla AR et al. Delay in consolidation and prevalence of pseudoarthrosis in patients undergoing treatment with zoledronic acid during hospitalization for osteoporotic fracture in a FLS. Eular 2025 ; POS0390.
Éric Lespessailles déclare ne pas avoir de liens d’intérêt en rapport avec cet article.