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PIH, recommandations, nouvelles équipes de soins, paramédicaux : quelles nouveautés professionnelles ?

Avec la création des conseils nationaux professionnels (CNP), l’organisation professionnelle des spécialités a évolué avec des missions centrées sur la re-certification et les orientations de formation. Pour autant, cette structure est régulièrement sollicitée par les autorités de santé sur de multiples thématiques. Nous avons choisi quelques actualités récentes d’intervention du CNP de rhumatologie pour illustrer cette mission.

 

Suppression de la prescription initiale hospitalière

Une première actualité notable pour notre profession serait la prochaine levée de la prescription initiale hospitalière (PIH) pour les traitements biologiques en sous-cutané. En effet, actuellement la prescription de toutes biothérapies sous-cutanées se fait en prescription hospitalière. De plus, à l’exception d’un renouvellement possible en ville pour les anti-TNF (pas son initiation), le renouvellement se fait en hospitalier ou autre structure de santé habilitée. C’est une actualité intéressante, notamment pour les professionnels en activité libérale issus de l’hospitalier, ou les professionnels en activité mixte qui, d’une certaine façon, se sont retrouvés privés de cette prescription une fois sortis de l’hôpital alors même qu’ils sont compétents. Les échanges autour de ce projet de levée avaient commencé il y a une dizaine d’années déjà et avaient été interrompus. L’Ansm a repris depuis 1 an le dossier et rend donc aujourd’hui un avis favorable à la suppression de la PIH pour le renouvellement et l’initiation de toutes les thérapies sous-cutanées. C’est une évolution considérable qui permettra de se passer d’une consultation forcément hospitalière pour ces traitements. Des ajustements sont encore nécessaires, à savoir le besoin de disposer d’un bilan pré-thérapeutique type et la consultation des industriels, mais c’est une très bonne nouvelle pour les rhumatologues qui ne saurait tarder à venir. Le point positif majeur est la reconnaissance de la compétence de tous les rhumatologues dans la prise en charge des rhumatismes inflammatoires, et pas seulement dans les premières étapes. Cela permettrait également de réduire les délais de consultation dans les hôpitaux à la faveur des patients plus complexes nécessitant une consultation hospitalière. 

Le point à travailler resterait le manque d’organisation formelle pour des patients compliqués, il faudra réfléchir à des modalités de RCP en présentiel, distanciel ou en télé-expertise afin de moduler la prise en charge au fil de l’évolution de ces patients. 

 

Labellisation HAS pour les recommandations des CNP et sociétés savantes

Une deuxième actualité intéressante pour notre pratique est le souhait de la HAS de solliciter les CNP pour les recommandations. Il existe aujourd’hui deux façons de faire des recommandations : soit la HAS décide de s’emparer d’un sujet et va alors solliciter des CNP concernant des noms d’experts, soit les CNP ou les sociétés savantes souhaitent faire labelliser leurs recommandations par la HAS. Aujourd’hui, est discutée la possibilité pour les CNP ou les sociétés savantes, avant de travailler à leurs nouvelles recommandations, de soumettre directement le projet à la HAS. Si ce dernier correspond au cahier des charges de la HAS, les recommandations seraient directement labellisées par la HAS du point de vue de la méthodologie et publiées sur leur site. Des experts de la HAS pourraient d’ailleurs être sollicités dans le cadre d’une aide méthodologique. Cela demandera aux CNP et sociétés savantes de sélectionner des experts répondant aux exigences en matière de lien d’intérêt, mais donnera une valeur certaine aux recommandations. L’inversion de la construction des recommandations HAS permettrait d’en faire plus et plus pointues, de mieux les diffuser, et d’uniformiser une méthodologie de travail incontestable. Cela ne sera pas une obligation, mais une possibilité. 

Le grand point positif, c’est la diffusion des recommandations et la qualité reconnue de la méthodologie. La difficulté sera de trouver des experts qui répondent aux exigences de la HAS. Pour l’instant, il y a encore des recommandations qui ne pourraient pas avoir le label HAS et il ne faudra pas qu’elles soient dévalorisées par rapport aux nouvelles qui seraient labellisées. 

 

Création des équipes de soins spécialisées

Une autre thématique serait celle des équipes de soins spécialisés. En 2019, un décret a installé la possibilité pour les médecins spécialistes de se structurer en équipe, à l’instar de l’exercice coordonné avec les CPTS. Ce décret a offert une nouvelle façon d’exercer pour les médecins spécialistes qui ne se retrouvaient pas forcément dans les structures comme les CPTS ou les maisons de santé. Suite à ce décret, les Unions régionales des professions de santé-URPS-médecins libéraux ont réfléchi à la construction de ces nouvelles équipes de soins spécialisés. Dans les Bouches-du-Rhône est donc apparu le premier modèle expérimental d’équipe de soins spécialisés en rhumatologie agréé, et financé par l’ARS. C’est donc une quarantaine de rhumatologues qui s’est regroupée, sous la loi d’association 1901, et qui, grâce à une coordination, peut proposer des créneaux de consultation pour différents motifs sous 2 à 5 jours. Cela fera probablement, à terme, l’objet d’un financement par l’Assurance maladie dans la convention. Cela peut considérablement changer l’organisation du soin, intégrant les libéraux et les hospitaliers avec la possibilité d’interagir avec les autres structures d’exercices coordonnés dans l’accès au soin, les parcours patients, la formation. C’est un sujet à suivre de près pour les années à venir. 

 

Élargissement des compétences des professionnels paramédicaux

Une dernière actualité qu’il faudrait suivre est celle de l’accès direct aux kinésithérapeutes et aux infirmiers de pratique avancée. 

Actuellement cet accès direct est limité aux structures coordonnées sur une unité de lieu. Mais des expérimentations vont démarrer dans certains départements, où l’accès direct pourrait se faire en structure de type CPTS, sans aucune limitation d’indication. La problématique est l’absence de médecin sur le lieu et de contrôle des indications. Il semble important d’alerter sur les limites de ce système.

 

L’auteur déclare ne pas avoir de lien d’intérêt sur ce sujet.