La douleur chronique se définit comme une douleur persistante ou récurrente au-delà d’une période de 3 mois, ou au-delà du délai de guérison d’une lésion organique. Elle s’associe volontiers à d’autres symptômes : une fatigue chronique, des perturbations du sommeil, des troubles anxio-dépressifs… De nombreux mécanismes physiopathologiques sont impliqués : sensibilisation périphérique et centrale à la douleur, dérèglement du contrôle inhibiteur de la douleur (sérotonine, endorphines…), facteurs psychologiques et émotionnels, ces derniers expliquant la fréquence de l’association aux manifestations fonctionnelles associées (colopathie fonctionnelle…), aux troubles anxio-dépressifs et à la fibromyalgie…
Cependant, ces dernières années ont été marquées par un regard plus “organique” de la douleur chronique, avec l’implication de la neuro-inflammation et de l’activation des cellules gliales libérant des cytokines pro-inflammatoires, et surtout les progrès de l’imagerie fonctionnelle qui permet de décrire les structures cérébrales activées au cours des syndromes douloureux chroniques.
À ce titre, nous voyons depuis quelques années émerger dans la littérature scientifique des travaux démontrant le rôle potentiel d’auto-anticorps au cours des syndromes douloureux chroniques, travaux qui ont pour origine une observation clinique très singulière…
Douleurs chroniques inexpliquées soulagées par des immunoglobulines polyvalentes
À la fin des années 1980, deux médecins allemands constatèrent qu’une de leurs patientes, suivie pour un syndrome douloureux chronique inexpliqué, voyait systématiquement ses douleurs s’améliorer de façon spectaculaire chaque fois qu’elle recevait des perfusions d’immunoglobulines à dose substitutive prescrites pour une hypogammaglobulinémie. Cette observation conduisit en 1993 à la réalisation d’une étude ouverte où 130 patients douloureux chroniques sans dysimmunité, dont 11 présentaient un syndrome douloureux régional complexe (SDRC), furent traités par de faibles doses d’immunoglobulines intraveineuses (IVIG). Une nette amélioration des douleurs fut observée chez 70 % de ces patients (1). Cette amélioration suggérait fortement un mécanisme auto-immun des douleurs : en effet, les immunoglobulines polyvalentes sont utilisées dans le traitement de nombreuses maladies auto-immunes, car elles préviennent l’activation des cellules immunitaires par les auto-anticorps en saturant leurs récepteurs Fcγ (Fig. 1a et 1b). La mise en évidence d’auto-anticorps fait partie des critères définissant les maladies auto-immunes, que renforce le caractère transmissible de la pathologie par le transfert des immunoglobulines dans un modèle expérimental (2).
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