La rhumatologie a connu ces 30 dernières années une révolution en termes de diagnostic, d’évaluation et de traitements pour les patients souffrant d’affections rhumatismales. Les progrès ont été surtout remarquables dans le domaine des rhumatismes inflammatoires articulaires et systémiques. Le futur de la rhumatologie se fondera sur un diagnostic précoce avec l’aide des meilleurs outils cliniques et paracliniques. La sémiologie des rhumatismes a tout à fait changé ces dernières années et devra se focaliser sur les manifestations cliniques débutantes et plus sur les déformations des maladies rhumatismales. La terminologie a également été modifiée pour effacer la polyarthrite chronique évolutive pour la polyarthrite rhumatoïde et la spondylarthrite ankylosante pour la spondylarthrite axiale.
Le diagnostic
De nouveaux biomarqueurs et une imagerie performante
Le diagnostic sera confirmé par des biomarqueurs et une imagerie performante. Il sera aisément confirmé par la présence de tel ou tel autre auto-anticorps, bien au-delà des actuels facteur rhumatoïde, facteur anti-nucléaire et les anti-peptides cycliques citrullinés. Nous aurons accès aux meilleures technologies omiques pour mieux définir et classifier les rhumatismes inflammatoires. Les ressources bio-informatiques et l’intelligence artificielle (IA) feront le reste pour identifier de nouvelles maladies qui concernent la sphère rhumatismale au sens large.
La génétique
La puissance de la génétique va nous aider pour redéfinir des entités rares et mieux cerner les formes à caractère familial. Un bon exemple est la découverte du syndrome VEXAS qui permet de définir une entité nouvelle et de déterminer au mieux les thérapeutiques possibles.
Les interactions
Les progrès découleront également d’études sur les interactions entre l’exposome (l’ensemble des expositions environnementales et occupationnelles depuis la conception), l’immunome (le comportement du système immunitaire) et certaines maladies auto-immunes, comme le lupus érythémateux disséminé, la sclérose systémique ou la polyarthrite rhumatoïde.
Des diagnostics fondés sur les atteintes d’organes
Nous pouvons également postuler que ces recherches vont permettre une refonte des diagnostics fondés sur les atteintes d’organes et sur les prélèvements tissulaires. Un exemple est la possibilité de démontrer au sein du tissu synovial l’hétérogénéité de la polyarthrite rhumatoïde.
Une prise en charge globale
La médecine des systèmes visera à développer des stratégies de prise en charge globale combinant, grâce à la bio-informatique et à l’IA, des données cliniques, radiologiques, histologiques et multi-omiques. Ceci ouvrira également la possibilité de modifier nos décisions thérapeutiques fondées sur la clinique et les résultats des études randomisées vers des thérapeutiques ciblées sélectionnées par un ensemble de marqueurs. C’est ici qu’intervient l’approche multi-omique permettant de collecter un maximum d’informations en provenance du patient et/ou de son tissu malade, en l’occurrence son génome (la génomique), son épigénome (l’épigénomique), son expression génique (la transcriptomique), son expression protéique (la protéomique), son exposition environnementale (l’exposomique) ou encore son métabolisme (la métabolomique). Ceci nous évitera de perdre du temps, de l’argent et d’exposer nos malades à des thérapeutiques inefficaces, voire néfastes. L’IA sera un outil révolutionnaire pour le radiologue, car elle permettra de distinguer l’imagerie normale, physiologique et pathologique. La dernière révolution concernera les traitements par des thérapeutiques ciblées cellulaires permettant d’éliminer les cellules pathogènes au sein du tissu inflammatoire.
Mais le défi essentiel sera de recruter, de motiver et d’éduquer au mieux de nombreux rhumatologues pour poursuivre le développement spectaculaire de notre spécialité.
L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêt en rapport avec cet article.