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Eular 2022 // Pathologies microcristallines : influence des nouvelles technologies sur les diagnostics

Eular 2022, un congrès en hybride, qui sera probablement le format des futurs rencontres scientifiques. Un format qui a ses avantages et ses inconvénients dont le plus important est la présence de nombreuses sessions parallèles, difficilement accessibles pour les participants présents. Les nouvelles technologies « omics » permettent des analyses à large échelle générant des découvertes prometteuses. Les analyses métabolomiques identifient les métabolites dérivés des glycoprotéines acétylés comme de potentiels biomarqueurs de l’inflammation liée aux cristaux d’urate de sodium chez des patients avec une goutte incidente. De même, les analyses pangénomiques identifient un nouveau gène, LDHD, dont des variants pathogènes sont responsables de gouttes familiales juvéniles sévères. En France, la goutte reste très mal prise en charge, les doses du traitement hypo-uricémiant sont rarement adaptées et plus de la moitié des patients abandonnent leur traitement après moins de 1 an de traitement. Une augmentation locale du pH par un topique contenant du bicarbonate de sodium accélère la résolution de la crise inflammatoire au cours de la goutte. Le méthotrexate améliore l’efficacité de la pégloticase en diminuant les réactions allergiques et permet un meilleur maintien thérapeutique.

1 La goutte reste mal prise en charge en France

La majorité des études épidémiologiques dans le monde montrent que seulement 30-40 % des patients goutteux sont correctement traités et ont une bonne observance thérapeutique. Les patients goutteux sont moins observants que les patients qui ont d’autres maladies chroniques comme le diabète, l’hypertension, l’ostéoporose ou encore l’épilepsie. Les objectifs de cette étude étaient de déterminer les trajectoires des traitements hypo-uricémiant (THU) par allopurinol et fébuxostat et leur maintien, et l’effet du traitement par colchicine sur les maladies cardiovasculaires (CV).
L’étude a été menée sur la base de données IQVIA, LRx qui regroupe près de 45 % des pharmacies de France et contiennent les informations sur l’identité des patients (sexe, année de naissance), les médecins prescripteurs (spécialité, lieu et type d’exercice), les médications et leur dispensation. Les patients qui ont initié un THU en 2016 ont été inclus puis suivis pendant 5 ans, jusqu’en 2020. Les critères d’inclusions étaient : initiation du THU en 2016, absence de prescription de THU dans les 12 mois précédents et dispensation régulière du THU.
74 665 patients (64 % d’hommes, âge moyen 70 ans) ont initié un THU en 2016 avec allopurinol dans 68 % des cas (100 mg/jour (56 %), 200 mg/jour (32 %) et 300 mg/jour (8 %)) et fébuxostat dans 32 % des cas (80 mg/jour (85 %)). La colchicine était co-prescrite chez 34 % des patients. Les facteurs associés à un maintien du THU sont le sexe masculin, un âge < 70 ans, l’initiation du THU par un médecin généraliste et la co-prescription de colchicine. Un THU initié à l’hôpital était associé à un mauvais maintien thérapeutique. Plus de la moitié des patients ont arrêté le THU après 316 jours. Ce délai était beaucoup plus court par rapport aux traitements pour le diabète (894 jours), l’HTA (725 jours) et les anti-agrégants (718 jours). Les modifications de dose du THU étaient rarement observées. Après 5 ans de suivi, 22,6 % des patients prenaient l’allopurinol à 100 mg/jour, 18,6 % 200 mg/jour, 5,8 % 300 mg/jour et 45,9 % avaient arrêté le traitement (Fig. 1). La prise de colchicine était associée à une diminution du risque d’initier un traitement cardiovasculaire (RR 0,93 IC95 % 0,91-0,96) suggérant un effet protecteur de la colchicine.
Ces résultats montrent que la prise en charge de la goutte en France reste très médiocre. Les modifications de dose des THU sont rarement effectuées, suggérant une absence d’adaptation des doses et de vérification de l’uricémie. Les limites de ces études sur cette base de données sont l’absence de données biologiques et des comorbidités. Cependant, l’étude a été effectuée sur un effectif important avec un long suivi et les données sur la colchicine suggèrent un effet protecteur de la prise de colchicine sur les maladies CV. L’effet protecteur des événements CV de la colchicine faible dose a été récemment démontré par deux études randomisées en double aveugle (étude LODOCO) (2).

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