Thomas BARDIN, Jean-Denis LAREDO, Xavier CHEVALIER
L’amylose à transthyrétine (ATTR) résulte de la dissociation des tétramères qui constituent la TTR normale, avec libération de monomères qui s’arrangent en fibrilles amyloïdes qui se déposent dans divers tissus. Il existe 2 types d’ATTR :
- La forme familiale (ATTRv) débute souvent vers 50 ans. Elle est due à diverses mutations du gène de la TTR, résultant en une moindre stabilité du tétramère. C’est une maladie rare, qui s’exprime surtout par une polyneuropathie sensivo-motrice familiale à début distal, associée à une neuropathie végétative. Un syndrome du canal carpien (SCC) est fréquent.
- La forme sporadique (ATTRwt) a un début plus tardif, souvent vers 70 ans. Le gène de la TTR est normal. Elle intéresse davantage le rhumatologue, car ses manifestations les plus précoces sont un syndrome du canal carpien, une rupture la coiffe des rotateurs liée aux dépôts tendineux d’ATTR, ou un syndrome du canal cervical ou lombaire étroit, par épaississement des ligaments jaunes. Elle peut être systémique et source d’une amylose cardiaque. Le rhumatologue a un rôle dans le dépistage de la maladie en demandant un examen anatomopathologique des prélèvements ténosynoviaux lors d’une chirurgie du canal carpien après 60 ans ou de canal vertébral étroit avec épaississement des ligaments jaunes. La positivité de l’analyse conduira au dépistage précoce d’une amylose cardiaque.L’atteinte cardiaque des amyloses ATTR est une cardiomyopathie infiltrative, spontanément mortelle en quelques mois ou années. Elle peut être dépistée par une hyperfixation cardiaque à la scintigraphie osseuse.
Les progrès thérapeutiques récents ont transformé le pronostic des amyloses ATTR. Le tamefidis, donné par voie orale et de bonne tolérance, permet de renforcer la stabilité des tétramères de TTR. Il doit être introduit le plus rapidement possible du fait d’une latence d’efficacité de plusieurs mois. Des thérapeutiques innovantes empêchant l’expression du gène TTR par utilisation de siRNA ou d’oligonucléotides anti sens semblent avoir une efficacité plus rapide.
Thomas BARDIN – Service de Rhumatologie, Centre Viggo Petersen, Hôpital LARIBOISIÈRE – Paris (thomas.bardin@aphp.fr)
Jean-Denis LAREDO – Service de Chirurgie Orthopédique, Hôpital LARIBOISIÈRE
Xavier CHEVALIER – Service de Rhumatologie, Hôpital HENRI MONDOR, Créteil